Date de publication

7 mars 2022

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Une anomalie de conformation de l’articulation coxo-fémorale d’origine multifactorielle

La dysplasie de la hanche est l’une des affections orthopédiques les plus fréquentes du chien en croissance. Cette affection consiste en une laxité excessive de l’articulation coxo-fémorale entrainant un jeu anormal au niveau de l’articulation. Ces contraintes  sont à l’origine de phénomènes inflammatoires, de lésions des cartilages, des ligaments et de l’os aboutissant au développement d’arthrose.

Cette affection  a un caractère héréditaire et  affecte surtout les grandes races de chiens. Même si elle se rencontre aussi dans des races plus petites, les changements osseux sont généralement beaucoup plus limités que  ceux observés dans les grandes races et par conséquent la symptomatologie associée est souvent beaucoup moins importante.

Les races les plus fréquemment atteintes sont le berger allemand, le rottweiler, le labrador retriever, le golden retriever, le saint-Bernard, le dogue allemand, l’Alaska malamute, le colley…

En conclusion, devant une race à risque, il est conseillé de faire suivre son animal précocement

Une expression clinique variable selon l’âge et l’animal qui évolue de façon quasi systématique vers l’arthrose

Avant 5 mois, les chiens sont le plus souvent asymptomatiques.

Entre 5 et 12 mois, ils présentent plus d’anomalies de démarche et de comportement que de boiteries vraies. Les propriétaires rapportent une démarche ondulante, chaloupée, des difficultés à se lever, une diminution de la volonté de courir, de sauter…Lorsqu’il court l’animal peut ramener les deux postérieurs comme un lapin…

Avec l’âge, cette laxité ligamentaire diminue et avec le développement de la masse musculaire et de la fibrose articulaire, la hanche devient plus stable. Ainsi entre 12 et 16 mois ces chiens présentent moins de signes cliniques et de douleur malgré le développement de l’arthrose.

A l’âge adulte les signes cliniques qui seront observés résultent des changements dégénératifs de l’articulation.

En conclusion, tous les signes cliniques observés de manière précoce sont autant de signes d’appel devant vous alerter pour aller consulter.

Un diagnostic précoce est essentiel

Le diagnostic de la dysplasie nécessite la réalisation d’un examen orthopédique complet faisant appel à des tests spécifiques permettant d’évaluer le fonctionnement de l’articulation coxo-fémorale combinés à des clichés radiographiques. Ces derniers sont réalisés selon un protocole bien établi de préférence sous anesthésie générale afin d’avoir une myorelaxation suffisante et éviter la douleur liée à la manipulation des hanches. Les signes radiologiques observés permettent de classer les dysplasies dans différentes catégories classées de A (absence de dysplasie) à E pour les plus sévères.

Radiographie des hanches d’un jeune chien. Les têtes fémorales ne sont pas assez couvertes par les cavités du bassin destinées à les recevoir (subluxation)

En conclusion, en cas de suspicion de dysplasie chez un jeune animal, il est essentiel d’avoir un examen radiographique de qualité afin de ne pas passer à côté d’une dysplasie nécessitant la mise en œuvre précoce d’un programme de prévention.

Prévention hygiénique de la dysplasie de la hanche chez le jeune chien

La dysplasie de la hanche, d’origine génétique aura une expression clinique qui va dépendre de facteurs environnementaux qu’il est important de connaître. Les deux grands volets de prévention sont l’alimentation et le niveau d’exercice physique durant la croissance.

Concernant l’alimentation ce sont des déséquilibres alimentaires en excès notamment dans le cas des chiens de grandes races dont la ration alimentaire est souvent  supplémentée à tort. Chez le chiot une consommation énergétique accrue entraîne une accélération de la vitesse de la croissance qui s’accompagne d’une prise de poids importante pouvant aggraver de façon précoce la laxité ligamentaire. L’équilibre énergétique de la ration alimentaire représente donc un élément essentiel de la prévention de la dysplasie chez le jeune. Il est donc nécessaire de mettre en place un suivi de l’alimentation de son chiot avec son vétérinaire traitant qui pourra grâce à un suivi régulier du poids du chiot ajuster  la ration alimentaire (le poids d’un chiot de race géante de 5 mois ne doit pas excéder 50% du poids estimé de l’adulte et 80% à l’âge de 8 mois). L’excès de poids sera aussi à éviter à l’âge adulte.

D’autre part, un exercice physique intensif sur des structures articulaires en croissance risque de  les fragiliser davantage. A l’inverse, le repos absolu  n’est pas une solution  car il va à l’encontre d’un développement musculaire qui doit se faire de façon harmonieuse avec le développement du squelette. En conséquence, un exercice physique contrôlé en intensité et en fréquence est un des éléments de prévention de la dysplasie  Ainsi doivent être évités les efforts intensifs comme les sauts,  les exercices répétitifs (jeté de balle, bâton, agility…) ou trop long. Il faudra éviter les sols glissants, les terrains trop accidentés et éviter les montées d’escalier en étant tout particulièrement attentif avant l’âge de 5 mois.

En conclusion, un bon équilibre alimentaire, une activité physique raisonnée durant toute la croissance, permettront à votre chiot de limiter le développement d’une dysplasie précoce.

Les traitements

Les traitements sont adaptés au cas par cas. Ils peuvent  être hygiénique, médical et/ou chirurgical.

Traitement hygiénique

Les mesures hygiéniques présentés précédement, mises en place dès le jeune âge doivent se poursuivre chez l’adulte. Elles concernent tous les cas de dysplasie qu’ils soient prises en charge médicalement et/ou chirurgicalement. Leur objectif  est de limiter l’excès de poids et de limiter l’apparition de lésions d’arthrose.

Traitement médical

Les traitements médicaux vont avoir pour objectif de lutter contre la douleur à l’aide de cures antalgiques plus ou moins longues et de prévenir le développement de l’arthrose par l’administration de chondro protecteurs. Les substances les plus souvent utilisées sont les gyclo-aminoglycanes et la glucosamine qui peuvent être associées à des acides gras essentiels qui contribuent à la réduction de l’inflammation.  Certaines gammes d’aliments destinés au chien sont déjà supplémentées en  substances chondro-protectrices et anti inflammatoires.

Traitement chirurgical

La chirurgie n’est pas systématique mais peut parfois s’avérer nécessaire et bénéfique dans certains cas. . Dans ces cas, une prise en charge jeune est conseillée. Plusieurs techniques chirurgicales sont possible chez le jeune : la symphysiodèse pubienne juvénile (SPJ), la double ostéotomie du bassin (DOB) et la prothèse de hanche non cimentée (PTHNC) et enfin la résection de la tête et du col du fémur.

La SPJ est une technique peu invasive qui permet un traitement précoce de la dysplasie de la hanche. Elle est pratiquée de préférence avant l’âge de 16 semaines. Sa seule limite reste le dépistage précoce de la dysplasie qui doit être fait vers l’âge de 3 à 4 mois. La DOB est quant à elle conseillée  en présence de certains types de  conformation de hanche, de signes cliniques et avant que ne s’installe l’arthrose. C’est à l’âge de 6 à 10 mois que ce  type d’intervention est recommandé. La PTHNC est la technique chirurgicale pratiquée plutôt en dernier recours, malformation de l’articulation coxo-fémorale, arthrose avancée, invalidante sans solution conservatrice suffisante. Il en est de même pour  la résection de la tête et du col du fémur.

Place de l’ostéopathie vétérinaire dans la gestion du chien dysplasique

Parmi les médecines complémentaires, l’ostéopathie vétérinaire permet un accompagnement du chien dysplasique tout au long de sa vie. En effet, l’ostéopathie ne peut pas corriger le défaut osseux  initial,  en revanche son utilisation régulière permet d’en limiter les conséquences et de faire appel à des traitements plus allégés.

On peut distinguer deux grandes phases dans la prise en charge ostéopathique des chiens dysplasiques.

La première consiste en une prise en charge précoce du chiot et son accompagnement pendant toute sa phase de croissance. Cette phase qui est une phase préventive a pour objectif de retarder l’apparition des lésion de l’articulation de la hanche en limitant les contraintes délétères sur l’articulation de la hanche.  Comme tout les jeunes chiots, même avec des conditions de vies idéales et une activité physique raisonnée, le chiot peut tout à fait faire  un faux mouvement, une mauvaise chute pouvant induire l’apparition de dysfonctions ostéopathiques. Ces dysfonctions qui généralement sont bien tolérées par l’organisme peuvent chez un chien en pleine phase de croissance et dysplasique de surcroit, avoir des répercussions sur les lignes de tension auxquelles sont soumises ses articulations coxo-fémorales. En détectant précocement ces dysfonctions et en les corrigeant, on limite le risque que ces contraintes  favorisent l’apparition et/ou la progression de lésions. Leur détection et donc leur correction seront donc d’autant plus efficaces que l’animal est pris en charge précocement.

Chez l’animal adulte, la prise en charge continuera d’avoir une cette composante préventive mais aura aussi une composante corrective qui a pour but de corriger les dysfonctions secondaires aux lésions de dysplasie. En effet l’existence même de la dysplasie perturbe la biomécanique corporelle nécessitant sa prise en compte dans un ré équilibrage global de l’organisme. C’est alors la modification corporelle induite par la dysplasie qui va entrainer l’apparition de dysfonctions de compensation qui peuvent être à l’origine d’autres symptômes que ceux de la dysplasie elle même. L’approche globale de l’ostéopathie permet alors de mettre en lien ces dysfonctions à distance avec l’existence d’une anomalie au niveau des articulations coco-fémorales.En conclusion, une prise en  charge ostéopathique précoce d’un chien dysplasique permet de retarder l’apparition de lésions dégénératives au niveau de l’articulation source d’inconfort et de douleurs plus ou moins invalidante selon l’animal et de limiter les lésions de compensation secondaires à la dysplasie mais potentiellement tout aussi douloureuses.